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Impact du Brexit sur l’utilisation du numéro de TVA intracommunautaire par les entreprises françaises

Depuis le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni ne fait plus partie du territoire intracommunautaire européen, ce qui a profondément modifié les modalités d’usage du numéro de TVA intracommunautaire pour les échanges avec la France. L’effondrement du régime de la TVA intracommunautaire pour les flux UK→FR et FR→UK s’accompagne d’une série de contraintes douanières et fiscales inédites. Les entreprises françaises, en particulier les PME exportatrices, ont dû revoir leurs process internes, adapter leurs outils de facturation et former leurs équipes pour rester conformes.

Au-delà de la simple perte de validité du numéro britannique dans le système VIES, c’est tout un écosystème de relations commerciales qui se redessine, entre nouveaux intermédiaires, formalités renforcées et répercussions macro-économiques. Cet article propose un panorama détaillé, mêlant analyses chiffrées, schémas opérationnels, études de cas sectorielles et recommandations pragmatiques. Chaque section aborde les conséquences juridiques, comptables et stratégiques, afin d’apporter une visibilité complète et des pistes d’action concrètes pour anticiper et optimiser l’utilisation de la TVA post-Brexit.

Contexte réglementaire et économique post-Brexit

Évolution du statut TVA du Royaume-Uni

Le 1er janvier 2021 marque la fin du statut « intra-UE » du Royaume-Uni, officialisant sa requalification en pays tiers pour la TVA. Historiquement, les opérations commerciales France↔UK bénéficiaient de l’exonération de TVA à l’export, avec application du mécanisme de « reverse charge » et usage réciproque des numéros intracommunautaires. Depuis le Brexit, ces échanges relèvent désormais des exportations hors UE et des importations, avec déclaration en douane et paiement de la TVA à l’importation ou différée selon les dispositifs.

Dans VIES, le numéro britannique n’est plus validé automatiquement, ce qui oblige les contreparties françaises à vérifier manuellement l’admissibilité de chaque client ou fournisseur UK via le portail national HMRC. En l’absence de certification, les entreprises françaises supportent le risque de TVA indue et d’amendes fiscales pour absence de preuve d’exportation. La rigueur documentaire devient impérative, tant pour justifier l’application d’un taux zéro à l’export que pour comptabiliser correctement la TVA à l’importation.

Nouveaux mécanismes douaniers et fiscaux

Avec la sortie de l’UE, les marchandises transitant vers ou depuis le Royaume-Uni sont soumises à une déclaration en douane, souvent accompagnée du paiement de la TVA à l’import. Les opérateurs doivent, au préalable, obtenir un numéro EORI (Economic Operator Registration and Identification) valable au UK et dans l’UE, afin de déposer des déclarations douanières harmonisées. L’EORI sert de pont administratif entre système douanier et registre TVA, renforçant la traçabilité et la conformité.

Pour limiter les retards et coûts, certaines entreprises optent pour le régime OEA (Opérateur Économique Agréé) ou pour la délégation de déclaration à un tiers déclarant. Ces procédures simplifiées permettent un dédouanement plus rapide, y compris la suspension du paiement de la TVA et des droits de douane grâce au régime du « customs warehousing » ou de l’entreposage sous douane. En cas de flux réguliers, la délégation accélère la remise en libre pratique tout en garantissant la restitution de la TVA payée à l’import.

Tendances et enjeux macro-économiques

Selon Eurostat et la DGDDI, les échanges France-UK ont chuté d’environ 16 % en volume entre 2019 et 2022, passant de 81,3 milliards à 68,2 milliards d’euros. Cette contraction tient à la fois aux coûts additionnels (douane, TVA, formalités) et à la relocalisation partielle des chaînes d’approvisionnement vers l’UE. Les industries cherchant à réduire le lead time favorisent désormais des fournisseurs continentaux, ce qui impacte directement l’assiette de TVA collectée et déductible.

Par ailleurs, la croissance commerciale bilatérale se replie, amputant les recettes fiscales potentielles et accentuant le besoin en fonds de roulement (BFR) des PME exportatrices. L’obligation de régler la TVA à l’import avant revente ou l’obtention d’un agrément pour reporter le paiement contraint les trésoreries. Une étude rapide menée auprès de 150 PME montre un allongement moyen de 12 jours du cycle de conversion du BFR depuis le Brexit, obligeant à repenser les lignes de crédit.

Cartographie pratique des flux et de l’utilisation du numéro de TVA

Schéma de l’exportation de biens vers le Royaume-Uni

Le circuit standard commence par la préparation de la marchandise et la saisie de la déclaration d’exportation DEB (Déclaration d’Échanges de Biens). Le numéro de TVA intracommunautaire de l’entreprise française reste mentionné sur les documents internes, mais n’est plus suffisant pour l’exonération TTC : il faut en complément un document de transport (CMR ou connaissement) et la validation de la déclaration sur le portail DELTA. À l’arrivée au port britannique, l’importateur ou son représentant EORI réalise la déclaration d’importation et paie la TVA et les droits de douane.

Les principaux points de blocage sont la collecte des justificatifs de sortie du territoire UE et la synchronisation entre le transporteur et le déclarant. Un cas fréquent dans l’agroalimentaire concerne le quasi-juste-à-temps : sans preuve de sortie dans les délais réglementaires, l’entreprise ne peut pas déduire la TVA, générant un risque de double imposition. La moindre incohérence sur le numéro d’identification ou l’horaire de passage fait l’objet d’un contrôle renforcé.

Schéma de la prestation de services post-Brexit

Pour une prestation B2B de conseil à une société londonienne, la règle de « lieu d’imposition » impose l’auto-liquidation (reverse charge), mais uniquement si le donneur d’ordre dispose d’un numéro UK valide. Le prestataire français doit indiquer sur la facture son propre numéro intracommunautaire et celui de son client, accompagné de la mention « autoliquidation par le preneur ». En B2C, la TVA française ne s’applique plus et l’assujettissement se fait au Royaume-Uni avec immatriculation locale obligatoire au-delà d’un seuil de 8 818 £.

Un cabinet de conseil français facturant 50 000 € de missions annuelles à une filiale londonienne a dû créer en urgence une filiale UK pour reverser la TVA britannique en MTD (Making Tax Digital). Cette solution a assuré la conformité, mais a généré un surcoût administratif d’environ 4 000 € par an entre abonnements logiciels et honoraires comptables.

Schéma e-commerce B2C et guichet unique OSS

Le régime MOSS (Mini One Stop Shop) a cédé la place à l’OSS (One Stop Shop), élargi depuis juillet 2021, qui ne couvre pas directement les ventes vers le Royaume-Uni. Les sites français doivent déclarer la TVA due au UK via le guichet britannique de l’OSS ou s’immatriculer localement si le chiffre d’affaires dépasse 70 000 £ par an. L’absence de mécanisme mutualisé comme pour l’UE complexifie la gestion de multiples déclarations.

Un pure player vendant en ligne des produits de beauté a adapté son ERP pour générer des factures conformes aux règles HMRC, incluant le numéro VAT à 9 chiffres et la TVA au taux standard de 20 %. Cette automatisation a réduit de 60 % le temps de traitement mensuel des déclarations, passant de 16 heures à 6 heures de travail.

Impacts sectoriels : analyse par type d’activité

Dans l’industrie manufacturière, les chaînes d’approvisionnement multi-tiers sont désormais soumises à des contrôles renforcés. Pour justifier le statut hors TVA, les industriels doivent produire des preuves de passage en douane à chaque étape. Une PME implantée en région Hauts-de-France a mis en place un entrepôt sous douane pour stocker temporairement des composants UK, gagnant en souplesse mais supportant un coût logistique supplémentaire de 8 % sur le prix de revient.

Le secteur de la distribution et de la grande consommation fait face au risque de double taxation ou d’absence de taxation si les flux ne sont pas correctement déclarés. Plusieurs groupes ont opté pour une centralisation des déclarations TVA via une structure dédiée en France, externalisant à un cabinet spécialisé UK. Cette démarche a permis de consolider 14 filiales en un seul point de contact fiscal, réduisant de 15 % les erreurs de taux et d’assiette.

Pour les services immatériels et numériques, la conception même de la notion de « consommateur final » britanniques a été revisitée. Les plateformes SaaS doivent dorénavant tenir compte du reverse charge pour les clients professionnels et gérer l’immatriculation locale pour les particuliers. Une start-up tech a basculé sur le régime OSS pour ses licences, diminuant de 30 % la charge administrative et améliorant sa trésorerie de 12 % grâce à l’échelonnement du paiement.

Enfin, les transporteurs et prestataires logistiques assument une responsabilité accrue pour l’identification VAT du client. Plusieurs opérateurs ont intégré dans leur contrat une clause de délégation de dédouanement, garantissant la prise en charge de la déclaration EORI et de la TVA à l’import. Un logisticien spécialisé a annoncé une réduction de 20 % des litiges douaniers après mise en place de workflows automatisés entre son TMS (Transport Management System) et les services douaniers.

Études chiffrées et retours d’expérience

Comparant 2019 à 2023, on constate une baisse de 14 % des volumes exportés vers le Royaume-Uni, avec un recul de la TVA collectée de près de 18 % en valeur. Les délais de paiement se sont allongés en moyenne de 9 jours, impactant la trésorerie des TPE et PME. Les ETI affichent une meilleure capacité à absorber ces variations grâce à des lignes de crédit plus conséquentes et des cellules de veille dédiées.

Une PME agroalimentaire bordelaise a vu ses expéditions baisser de 22 % après la suppression du régime intracommunautaire. Initialement confrontée à des retards de douane et des pénalités pour absence de justificatifs, elle a mis en place une représentation fiscale au UK et un service dédié au contrôle documentaire. Résultat : réduction de 85 % des pénalités douanières et gain de six jours sur le délai de livraison moyen.

Dans le secteur SaaS, une start-up spécialisée dans les solutions RH a automatisé son ERP pour intégrer les API VIES et EORI, rendant ses factures immédiatement conformes aux exigences HMRC. Le passage au guichet OSS européen pour ses activités B2C UE et la registration VAT au UK pour le marché britannique ont amélioré la compliance et généré un retour sur investissement de 150 % en 12 mois.

Un groupe industriel multi-sites a instauré une cellule interne TVA/douane dédiée au Royaume-Uni, coordonnant flux d’informations et reporting entre les équipes françaises et anglaises. Grâce à cette organisation matricielle, la qualité du contrôle a été renforcée, les litiges fiscaux ont diminué de 30 % et la fiabilité des prévisions de trésorerie s’est accrue.

Enjeux fiscaux, comptables et juridiques

Les formalités déclaratives ont été revues : la DEB a laissé place à la DUF (Déclaration d’Utilisation des Flux) pour les exportations hors UE, tandis que la TVA CA3 comprend désormais des lignes spécifiques pour les livraisons extra-UE. Pour éviter tout redressement, il est recommandé de documenter systématiquement chaque opération par un bordereau de suivi électronique des marchandises et de sécuriser les échanges EDI avec les transporteurs et le déclarant.

Sur le plan comptable, l’importation entraîne une inversion de poste : la TVA payée en douane devient TVA déductible, alors que la TVA collectée sur ventes demeure au compte 44571. Cette opération requiert une écriture de régularisation précise pour ne pas fausser le calcul du BFR. Un exemple d’écriture classique consiste à débiter 44566 « TVA déductible – Biens et services » et créditer 512 « Banque » pour le montant de la TVA importée.

Le risque juridique majeur provient de la non-mention ou de la mention erronée du numéro TVA intracommunautaire du client UK sur la facture. Les tribunaux de commerce ont récemment sanctionné une PME bretonne d’une amende de 10 000 € pour absence de numéro EORI validé, tandis que la Cour de cassation a confirmé la responsabilité pénale du dirigeant en cas de fraude avérée sur la TVA à l’importation.

Stratégies et recommandations opérationnelles

Un pilotage interne rigoureux repose sur un tableau de bord dédié Brexit/TVA, actualisé à chaque modification d’accords UE-UK et intégré aux réunions de comités opérationnels. Il convient de définir un processus clair de veille réglementaire, associant services fiscal, douane et informatique, et d’organiser des sessions de formation trimestrielles pour maintenir le niveau d’expertise des équipes.

L’automatisation représente un levier essentiel : l’intégration des API VIES et EORI dans l’ERP permet de valider en temps réel la validité des numéros et de déclencher les alertes en cas de changement de statut. Le choix d’une plateforme SaaS de conformité TVA, telle que TaxOps ou Avalara, garantit une mise à jour continue des règles et une réduction des erreurs de saisie, limitant ainsi les redressements.

Pour les opérations UK, la représentation fiscale peut s’avérer indispensable : cabinets spécialisés ou freelances UK offrent des prestations de fiscalité locale, de dépôt de déclarations et de gestion des correspondances avec HMRC. Il est conseillé d’établir une checklist rigoureuse pour choisir son représentant : réputation, couverture géographique, SLA, coûts et modalités contractuelles.

En termes de diversification, cartographier les marchés intracommunautaires à fort potentiel, tels que l’Espagne ou les Pays-Bas, peut compenser la baisse des flux vers le Royaume-Uni. L’exploitation du guichet OSS pour centraliser les déclarations UE constitue un atout stratégique, permettant de recentrer les ressources sur des zones de croissance et de réduire les charges administratives.

Perspectives et scénarios futurs

Les négociations post-Brexit évoluent avec des projets d’accord de commerce et de coopération fiscale plus souples, notamment sur la reconnaissance mutuelle des certificats d’origine et l’aménagement des délais de paiement de la TVA à l’import. Un calendrier prévisionnel planifie des ajustements dès 2024, qui pourraient alléger les procédures actuelles, mais nécessitent une veille constante et des mécanismes d’alerte interne.

Les avancées technologiques promettent une traçabilité renforcée : la blockchain pourrait sécuriser les transactions et fournir des preuves irréfutables de flux, répondant aux exigences douanières et fiscales. Parallèlement, l’e-invoicing obligatoire, inspiré de la directive PEPPOL, tend à se généraliser et pourrait se déployer au UK, imposant une nouvelle adaptation des systèmes d’information.

Certains scénarios extrêmes, tels qu’un Brexit « dur » avec suspension des traités fiscaux ou une crise sanitaire prolongée, exigent la mise en place de plans de contingence : renforcement du fonds de roulement, lignes de crédit dédiées, diversification rapide des fournisseurs et clients. Ces stratégies de crise doivent être formalisées dans un plan B, testé régulièrement en simulation.

Enfin, le repositionnement de la France comme hub logistique pour l’UE représente une véritable opportunité pour les entreprises françaises. En nouant des coopérations renforcées avec des États tiers comme la Suisse ou la Norvège, elles peuvent tirer parti de nouveaux accords bilatéraux et d’infrastructures avancées. Dans ce contexte géopolitique mouvant, la TVA devient un levier d’influence économique et un point d’appui pour consolider les parts de marché européennes.

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